De la télévision
La télé, un outil de manipulation dangereux.
La "communication" de ce truc est à sens unique : on gobe comme les oies se font gaver et en croyant choisir -un petit chocolat à la strychnine ou un thé au cyanure ? y a le choix finalement, c'est vrai...-.
Le poison est pire encore, car l'effet n'est ni fulgurant ni douloureux, mais il s'infiltre doucement sans symptômes remarquables, l'atrophie des sens vient, la surdité en tête de peloton (celle concernant les oreilles relationnelles, s'entend...), puis l'atrophie de la pensée et de l'idée, la télé en camisole serrée sur les neurones. On croit la liberté entrer en soi au moment même où on la perd totalement.
En fait, l'humain est toxico par nature semble-t-il, alors il fut beau jeu à ceux qui nous administrent (nous gèrent, nous commandent, etc.) de voir que ce machin qui aurait pu être une ouverture sur le monde, est finalement la machine idéale pour enchaîner toute velléité de révolte et de culture -l'une entraînant l'autre dans une bijection parfaite en réciprocité-. L'optimisme et l'espoir, tenants de l'évolution et de la libération, coulent dans l'attentisme, et en bons procrastinateurs de l'altruisme, nous regardons le monde continuer son train de l'enfer en jouissant entre les bras de la renonciation.
L'humanité peut crever, ça se passe ailleurs, dans un film à sensation, et l'on se choque et crie, mais pas de souci pour ceux qui n'ont pas intérêt à ce que le monde change, puisque ça ne sort pas de chez chacun -ô individualisme qui grandit si facilement, il se nourrit par là. Le spectacle vaut le fauteuil où l'on s'enfonce en passant le relais du possible à demain qui n'existe jamais que demain. Et demain s'enterre sous quelques rustines à faire croire que les choses changent.
Ah, on est content, la procuration fonctionne : vivre se résume et même pas mal aux chaînes qui entaillent la chair des possibles.
Les bonnes intentions, faire ceci et cela, cesser de, commencer à, voilà des décennies qu'on le dit, certains l'appliquent individuellement et du mieux possible, chacun pour soi, en pensant que c'est déjà ça, que les autres finiront bien par se réveiller aussi, qu'il faut le temps, qu'il faut laisser le temps au temps... oui, faut voir... Parce que tant que ça reste confortable de bailler devant la télévision en approuvant l'idée de bousculer les choses, rien ne se bouscule, à part dans une infime part s'engageant à être plutôt qu'à avoir.
C'est le discours du chacun qui voit, et on est assez grand pour juger. Sauf que la plupart voit par la lucarne télévisuelle. Il suffit de les écouter...
Virer cet objet de malheur, faire en sorte que cet outil de manipulation ne puisse plus infester aucun foyer, et la révolution la plus efficace et la moins sanglante verrait le jour, le monde pourrait commencer à naître de ses propres pensées, de son vouloir. Et même si l'addiction fait que la secousse de la coupure du cordon ombilimanipulatoire rend quelques uns ou beaucoup un tantinet stressés voire malades.
Et ce n'est pas parce qu'il y a de "bonnes émissions quand même" et que "le tout est de bien choisir", que ce n'est pas l'outil de manipulation idéal et même justement : on vous trempe un coup dans du bon un coup dans du mauvais, rien de mieux pour rendre addict.
© Marie Hurtrel
1 août 2012 - 17 janvier 2013