Réseaux de la discorde

Quand vous dîtes qu'il n'y a que des bêtises sur les réseaux sociaux, voire des interpellations méchantes envers les uns ou les autres, que des faux discours sont étalés et gobés, que l'incitation au désordre y fait rage... je ne comprends pas.

Dans les miens, réseaux, je vois du texte, souvent du très beau texte, de la poésie, des extraits de romans, d'essais, et je lis de la réflexion (politique, philosophique, et sur tout ce que la vie fait bouger dans nos cerveaux et dans la société), de l'intelligence qui s'exprime, des questions qui se posent, des avis qui s'exposent, des arguments, des contre-arguments. Et j'entends aussi de la musique, je vois de l'art, des tableaux, des sculptures, et des photos sublimes de paysages, d'aigles en plein vol, de papillons rares, d'orchidées flamboyantes, de jardins, d'artisanat, de monuments dont l'architecture vaut le détour. Je vois beaucoup de choses, et découvre ou redécouvre, et l'envie d'en savoir davantage, d'aller creuser un peu plus loin ce qui interpelle. Et, je lis aussi des plaisanteries parfois subtiles, parfois lourdes, comme tout être humain sait l'être et en faire la démonstration.

Bien sûr, il arrive de croiser des casse-pieds sur ces pages mais personne n'oblige à faire entrer ou à garder dans son salon un abruti manifeste, un délirant chronique, ou un méchant dont la vie est si vaine qu'il n'a d'autres buts que pourrir celle des autres, ou simplement un antipathique sans raison. Comme dans la vie d'en face, d'à côté, d'ici et de là, de chez vous... vous n'allez quand même pas enfermer tous les voisins qui vous emmerdent... si ? Vous gardez toujours le droit de les ignorer, de les fuir ou de les contrer. La vie. L'humain, il est ici comme ailleurs. Le ménage n'est pas utile que pour les turnes...

Quoi ? Du complotisme ? Mais, dites donc ? Qui a des desseins dissimulés ou floutés, qui caviarde ses pages ? Vous n'allez quand même pas réduire tout ce qui vous dérange à des attaques de paranoïaques car c'est votre propre paranoïa que vous démontreriez, et toutes les questions qui vous embarrassent à des atteintes à vos certitudes (eh ! vous avez des certitudes ? Comme c'est cocasse ; savez-vous que plus on grandit moins on en a ? ). 
Si vous n'avez qu'une ampoule indémontable accrochée à un mur de votre maison, comment faites-vous pour ne pas vous heurter à tous les autres ? Comment savez-vous quand il faut enjamber l'objet chu et ne pas vous prendre les pieds dedans pour choir à votre tour ?

Et lâchez nous avec votre nouveau jargon qui expulse le sens des mots pour en inventer collant au projet de liquéfaction de la société française afin de l'évacuer par les ghettos que, futé que vous êtes, vous avez incité à mettre en place sans avoir l'air d'y toucher et, même, en faisant mine de travailler à empêcher cette localisation. Eh, vous avez beau jeu de vouloir diluer de nouveaux arrivants dans les campagnes... ce n'est qu'esbrouffe. 
Et, et, et... vous créez des minorités et leur oppression afin de justifier vos coercitions. Bravo ! Vous prétendez défendre les différences afin d'interdire les différences ! Voyou !

Cela n'aurait rien à voir avec votre désir de musellement ? Pardon ? Déjà, ce n'est plus un désir quand on ne peut plus qu'acter, et votre volonté d'imposition de la route à suivre, de définir vous-même ce qu'est le discours juste fait penser à ce travail délétère que pratiquent certains individus à la perversion narcissique évidente. Mais ! l'expression est galvaudée, il faut avoir expérimenté la chose et son maître afin de saisir vraiment toute la toxicité du dit travail.

Marie HURTREL