Passage

La plus longue nuit de l'année... après le dernier sale coup du millésime ; ne pensez pas au borgnon, celle-là dépasse les quelques heures qui dévissent de la paroi glissante. Les pitons s'émoussent quand on abuse du vain, et la digestion toujours difficile.

Les derniers soldes sont sanitaires, à la foire au son (celui de la gourmandise de l'âne). Il va falloir quitter l'année où l'on ne mourrait plus de vieillesse, est-ce une bonne nouvelle ? Sans la co-vide 19, nous n'aurions jamais atteint l'immortalité ; c'est maintenant elle, la co-vide, la seule, l'unique camarde (demandez-vous pourquoi elle nous fait perdre l'odorat, il n'y a pas de hasard...), alors dès que le vague saint (vous pouvez modifier l'orthographe en deux mots pour plus de relief) des bons sains l'aura vaincue, que vive le flou et la mort n'existera plus. 
Après ça, vous ne croirez pas aux miracles, voyous ingrats !

Peut-être est-ce une nuit à relire le Livre noir de la Révolution française. Il y a assez de lune, on y voit encore, même sans bougie. Les fantômes d'une illusion pourront encore vous aider à lire l'ire dont l'enflure grossit depuis la naissance de la chimère. Allez savoir où se cache le savoir... si l'on ne regarde que la couverture.

Il est peut-être temps en ce passage de reprendre l'exploration des comptes qui ne seront jamais rendus.

Ou relire les comptes de l'amère loi, la vacuité de la séance nous l'autorise. 

Il y a des nuits où l'on attend d'entendre encore une voix, juste une voix humaine, un écho à qui rendre un écho humain. Et l'on préfère se taire et fouiller les derniers tiroirs oubliés pour découvrir qu'une merveille n'en était pas une quand on l'a enfouie, là, dans l'ombre du plus tard. Et découvrir que ce qui ne l'était pas, merveille, illumine une autre idée du temps. 

La nuit la plus longue, un temps d'écrire afin d'éviter de se heurter au silence. C'est une nuit de lampions éteints, de jours froissés, de croyances dénudées, d'espoirs calcinés, de plafonds trop bas, de sols boueux, et de lises où l'on vous dit que le meilleur moyen de s'en sortir est de porter des semelles en fonte puisque la fonte, cotée en bourse, est lucrative.

Que croyez-vous, que si l'aube change de nom, elle changera aussi ses couches ? 

Une burle s'en vient. 
Il est temps.

Marie HURTREL
31 décembre 2020