Brins de plume 11

Sauge de minuit
dérobée au coeur du temps
vaut l'or et le sang
~~~
Ne rien aller chercher du bonheur,
se laisser retenir,
ou partir.
~~~
Une touche de rouge sur la toile,
un peu d’ocre de la terre caressée de transparence,
une feuille froissée et les pinceaux abandonnés,
ce n’est pas une peinture et pas mon atelier,
c’est un rêve et la douceur d’un ciel que j’imagine.
~~~
Prendre une goutte pluie et la poser sur les paupières d’un rêve,
attendre l’heur en ouvrant la route,
c’est le chant des fleurs.
~~~
L’amour raisonné n’a pas d’existence.
~~~
Il y a les mots pour dire et les mots pour taire,
et, entre les deux, sont les images,
celles que les yeux n’oublient pas,
et celles offertes par les mains.
~~~
Sans musique, un jour ne vaut rien que le vide des heures au cadran de la saison.
~~~
Je veux raconter la vie, par tous ses sens et son essence, la dire dans tous ses états, multiples et partagés, du plus brillant éclat des yeux aux ténèbres les plus sourdes et opaques, et être optimiste absolument. Espérer, à écrire le monde dans son envers, sans craindre.
Puisque demain est possible autrement, je suis optimiste par ce que je sais de mes hiers, et ce que je touche aujourd’hui.
~~~
Une envie de paix, intérieure extérieure, enfle comme les voiles sur la mer, de solitude accompagnée dans les heures claires des lendemains imaginés...
il est un rêve au delà de mes réalités, il est un monde au delà des songes, où naissent les possibles et meurt l’innomée insensée douleur.
~~~

Quand l’âme donne à l’encre ce que les mains vides de sens posent sur l’absence, les minutes se noient dans les nues inconnues et je pleure l’inconsidérée démesure du temps et des chemins sur mes neiges éternelles... Ma tristesse inonde les heures incertaines.
~~~
De saveurs en couleurs, la poésie est tout, un art, des arts. Elle dit, suggère, invente, propose, décompose, ose.
La poésie est un essentiel, la nécessité, un regard intérieur, une vision extérieure, un chant de l’aube, un murmure vespéral, une saison en été, un hiver en peinture, les mains d’un sculpteur, les sensations du corps et le produit de l’âme.
Elle est Optimisme.
~~~
Une heure dans le nouveau matin, les rêves égarés dans les pupilles noires de mes nuits blanches, sur ta peau plus brune que la terre de mon jardin, j’étincelle les lettres de ton nom, et j’éteins celles de l’absence dans les notes de ta voix résonnant sur nos lendemains.
~~~
Il est temps de tiédir, infuser, de fondre... la route longue et froide a transi l’hiver et la ville, et ma maison glacée peine à se réveiller. Mes doigts tremblent sur le clavier et l’eau m’appelle en sa chaleur. Après, j’écrirai, trierai les photos, écouterai quelques notes chaudes et rondes, et reviendrai ici, et là.
~~~
Contre vents nous avançons, et le monde tourne à l’envers du sens songé pour le bon qu’il semble. Contre marées nous avançons, qu’elles furent rouges sans couper la route, nous pouvons cette *espèce transposer à nos mains et nos écrits.
*espèce (métaphysique) : image, émanation subtile que l’on suppose(ait) sortir des corps.
~~~
Mon coeur est pris dans les méandres d’un fleuve sombre et froid. Serait-ce la Neva qui coule dans mes veines ?
~~~
Il est plus facile de se laisser guider par la petite flamme d’une bougie dans la nuit la plus profonde que sous les mille lumières de l’illusion...
~~~
La nuit accompagne dans un voyage poétique, c’est l’heure où la muse pousse la porte des jardins, l’instant nocturne s’infiltre sous la plume, et l’encre glisse sur les pages de la vie.
~~~
Mes yeux sont des fontaines, et le froid ne fait rien à l’affaire, la source est d’eau chaude, la source est au coeur, l’heure adoucie et le jour installé dans sa pâleur... J’ai pris la plume de l’aigle pour écrire le temps comme une pluie nouvelle. Sur l’azur et ses nuages, je lis son nom.
~~~

© Marie HURTREL