Juste un miroir et 2020

Il n'y a pas d'autres temps, rappelez-vous cela. Aucun avant ni après, ce n'est que le décor que l'on bouge, change parfois, adapte peut-être. Il n'y a rien d'ancien, pas plus de régime que d'humain. Rien de nouveau, ni régime ni humain, jamais, de fait. On se débat plus qu'on ne se bat dans un bourbier dont on maquille l'odeur d'une toise et d'un placement, hauts, et dont on limite les effets d'enlisement par trois planches vermoulues jetées à sa surface, volées aux bat-flanc des latrines de l'illusion ; bourbier que l'on nomme au gré des intérêts publicitaires. C'est à qui sera le plus fort à masquer l'inconfort, pointant d'un doigt celui d'un autre, vantant d'un autre le sien pour le bien de tous.

ResistanceLe temps est là et nulle part ailleurs, nous sommes ses captifs repeignant sans cesse ses murs afin de nous bercer si justement à croire éviter de s'y taper le crâne et l'attente. Nous tentons aussi, par touches lourdes, son écrasement, entre le filtre et la pierre, certains qu'il ne nous aura pas sur tout ; certains d'être certains.

Nous lui donnons le droit de tuer, encore plus sûrement que par la morphine prétexte à l'endormissement des ultimes douleurs. Nous lui redorons un blason qu'il n'a jamais eu, parlant de lui au passé, promettant son futur ; l'écrivant à la plume d'archéoptéryx moins éteint que le plafonnier de notre entendement.

Nous avons fait des fêtes, pour lui, pour le séduire ; nous n'avons pas besoin qu'il nous plaise, nous voulons lui plaire à tout prix car nous croyons qu'il nous menace alors qu'il se fiche de nous comme de sa première tempête. Nous lui avons même inventé un anniversaire mais, les seules bougies que l'on souffle sur le nombril de sa nuit sont celles de nos instances.

Il n'y a pas d'autres temps, juste un miroir et 2020.

Marie HURTREL