Rendez-vous

Nando, avec ton coeur large comme la mer et ton esprit affûté comme l'aiguille qui assemble les plus fines étoffes, c'est ton rire et ta résolution à aimer la vie qui résonnent encore pour nous dire que ton départ n'est qu'absence d'un moment et que rien ne cesse dans le lien au vivant, même dans l'ultime voyage.

Question de Route des Baobabs - peinture 70 x 50 cmCe matin où tu as créé l'absence, du même trait tu as rappelé la fragilité de l'espoir et la force de nos promesses ; c’est une aube qui a écrit ta dernière page mais, le livre ne peut se fermer où tu as ancré les couleurs et les ombres, les merveilles et les combats.

Parce que tu as tenu haut le verbe en notre langue essentielle, tu restes là, tout près, dans les mots et leur écho, ta poésie livrant le nom de la philosophie et l'accès au réel par le poème posé sur son propre au-delà. Pour cela je te remercie, et pour ta gentillesse, ta subtilité, pour ta véracité, ta simplicité, ton intelligence, tout ce qui a fait de toi l'humain dans l'absoluité et l'immensité du sens.

Ta voix vient encore dans la brise qui caresse le silence, et dans le souvenir de cet éclat précieux au fond de ton regard tu as inscrit le sens à la raison d'avancer quoi qu'il advienne. Les larmes que ton envol prononce au bord de mes paupières sont la rivière où se tiennent les espérances. Tu usais de l'aucune cesse pour inciter ma plume vagabonde à te répondre et prolonger le poème, il ne cessera pas.

Laisse-moi prendre ta main et lire les rives du passage, suivre du chagrin ton ombre qui s’efface où se gravent tes dernières paroles.

Nando, rendez-vous dans la lumière.

Marie HURTREL
12 mars 2015