Préface des Angles de la nuit
" Il n'y a aucune âme qui ne connaisse « par cœur » les mots d'une autre âme lui ressemblant. Pourtant, avant de lire la poésie de Marie Hurtrel, je la connaissais déjà : elle résonnait de l'âme lointaine faisant écho « par cœur » dans la nuit de mes silences.
Cette écriture est comme la sommation à comparaître devant le plaidoyer de la muse de Marie Hurtrel. Trouvant le sens, celui de la douleur qui, si justement, dit son nom sans jamais le prononcer, en le gravant entre les lignes du cri.
Quand Marie Hurtrel crie, les feuilles mortes ne tombent pas, elles s'envolent. Quand elle crie, le ciel s'allonge sur le rivage du silence pour l'écouter.
Ces mots-là ne sont ni béquilles, ni boulets, ils sont les yeux avec lesquels se scrute l'infâme. Les mots seuls pour lutter contre le mutisme de la complaisance ou de l'indifférence. La douceur de la lutte contre la monstruosité humaine repoussant délicatement les limites de l'indicible et ces mots, mille fois avalés, s'alignent enfin comme les soldats tombés pour une cause perdue. Une cause que la poésie de Marie Hurtrel ressuscite sans accusation.
Cette poésie est un assemblage minutieux, de brisures d'âmes, d'éclats de voix, de fragments de mémoire, de morceaux de musique, de touches de couleurs, de poussière d'étoiles et de bouts de la chair qui a souffert. Le tout baigné dans un humanisme sans contours, dans la solidarité des peuples qui pleurent, avec justesse et justice, avec la délicatesse de la femme, de toutes les femmes.
L'objet le plus aimé dans toutes les prisons du monde est la fenêtre. La poésie de Marie Hurtrel est cette fenêtre.
Entrer dans ce recueil poétique par la porte des « Muettes choses » annonce sa puissance et sème par-delà les distances et l'éloignement géographique, un lien entre les humains dont la corde du sensible vibre dans la poésie. "
Algérie
17 juillet 2014
Amina MEKAHLI