Brins de plume 9

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Plongée dans l’astre nocturne... Les yeux dans la peinture de mon âme... à genoux sur les couleurs dévorant mes cris étouffés... Je peins... Je pleure mes paysages intérieurs... et les voyages... Je peins et je chante la douleur précieuse d’exister...

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Quand un brin de tristesse au bouquet s’ajoute, c’est un pétale qui tombe sur les roses bleues du temps, un parfum qui s’insinue sous les mots du silence, c’est une note longue, un point d’orgue à la nuit.

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J’écrirai tout, sur tout, autant sur et avec ma plume docile dans ses minutes égarées, plume bien-aimée, bercée de nuit et d’étoiles, celles qui là-haut nous protègent, celles qui brillent pour rappeler que la vie est précieuse autant que courte. J’écrirai le sang, le sel, et j’écrirai le miel et le ventre de la terre, ce qui sourd de l’âme humaine, ce qui coud les hommes entre eux. J’écrirai demain parce qu’hier, j’écrirai la nuit passée sur le jour qui s’annonce, et la vie qui imposera ses droits sur la mort. J’écrirai.

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Au fond du fond du vide le néant ne peut être. Au bord du bord du gouffre et dans le vertige absolu et les doutes immondes, reste la part d’espérance qui cultive le ventre de ma terre, ta terre, celle que je veux pour mes enfants.

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La poésie...l’écrire parce que le temps ne fait rien, et qu’alors que les mots s’écoulent, l’idée d’un autre monde enfle, sous la peau, dans l’outre divine dont le vin enivre la plume et la muse.

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C’est vrai que l’Internet nous aime et aide, puisqu’il relie les poètes écriveurs et les poètes lecteurs, enfin, un microcosme dispersé, écartelé, que nous voudrions pourtant remembrer et voir s’épandre et s’épancher, toucher au-delà du numérique, parce que tout le monde n’y a pas encore accès.
Mais qu’importe le support au final, le destin poétique se donne où il peut être accueilli. L’essentiel est le partage et de ne pas enterrer la poésie aux éditions catacombales...

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Les poètes sont écorchés.

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L’oubli autorise le recommencement. Il y a de jolis oublis, sucrés, roses et oranges, doux, chauds du soleil d’un matin printanier, et il y a les autres, étouffés, étranglés, battus, absents, juste parce que savoir empêcherait un confort sans lendemain, alors l’oubli peut autoriser le pire.

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Un rêve erre entre l’espoir et l’attente, entre hier et demain, entre mes peurs et tes mains, sur ma peau qui se souvient... dans un chemin qui se dessine dans la brume, je cherche la route qui ne contourne pas la vie.

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Certains soleils donnent plus que la lumière, plus que la chaleur, plus que l’heure et le temps... j’ai trouvé un soleil comme ça, plus grand, plus doux, plus fort, un soleil couleur de terre et de fruits, un soleil aux saveurs d’un été qui ne finit pas... où je puise mon inspiration, mes pinceaux parlent pour les mots que je ne sais pas dire...

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Le soleil est couché sur les tuiles de la cité, son ventre luit sous la caresse de l’eau céleste, c’est l’arc en ciel qui le chante.

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Dans un pas feutré du jour qui s’attarde, une pensée qui s’envole sur les toits et la ville, les larmes du ciel rincent les prémices vespérales des heures floues.

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Il y a un temps pour les pauses, il arrive seul ou incité, parfois il surprend, il peut nous inonder de sa nécessité, être provoqué, s’insinuer par dépit. Une pause c’est une heure complexe, tissée d’hier et demain, le regard sur le monde et le lien avec la terre, c’est un questionnement et un abandon.

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Un silence porté par les nuages, une nuit portée par les regards, une flamme sur l’horizon, vient une onde dans un soupir sur la terre.

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Parce que l’ombre est sur la ville, et les couleurs endormies, les néons scintillant leur solitude, et puisque le silence s’habille de souvenirs, j’écris sur la lumière des rêves.

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© Marie Hurtrel