Le chemin des écoliers

Il y a, derrière la maison, une petite route que je rejoins en passant la porte usée, au bois grisé par quelques années de pluies hivernales.

Les hauts cyprès alignés, comme des géants protecteurs, donnent leur ombre bienfaisante, quand un Août se veut brûlant.

Souvent ils soufflent une chanson, le vent jouant ses notes profondes dans leurs branches soumises.

J'ai pris la route tout à l'heure, et longé le mur de pierres soutenant les bosquets et les broussailles.

Au loin, le village touchait le ciel en découpant sa transparence.

Plus haut, sur l'autre serre, deux chiens, compères sans doute, baladaient leur liberté à travers le paysage.

Puis, j'ai suivi le chemin qui mène aux pommiers, encore lourds de fruits rouges.

Je m'en suis allée, sereine, sans compter mes pas, à la rencontre des lutins sages, les quatre copains heureux.

Une larme est venue…

Est-ce la vie, ou la beauté du paysage, qui a mis dans mes yeux trois gouttes de bonheur ?

Chaque jour je m'en irai, les yeux dans les feuillages, à guetter l'envol des verdiers, et le geai farouche surveillant son domaine.

Chaque jour, je cueillerai les sourires, comme les fruits de l'oranger de mon jardin enchanté, là-bas, près des pommiers…


© Marie Hurtrel 2007
Texte déposé - n°SEZ7179