Brins de plume 4

© Marie Hurtrel

Les illusions bercent le vent que j'avais laissé entrer par la fenêtre des songes.

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Pour les couleurs qui fouillent le Souffle plus loin que l'horizon, j'écris le Cameroun comme il a peint ma route.

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Pas de pluie sur la cité, juste un ciel gris et les promesses de soleil qui ne contrent pas le froid... mais des brillances sur les toits.

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L'heure coule avec les cadavres métalliques, la Seine se regarde pisser entre les cuisses de Paris, et Saint-Louis suce, des pages, les cendres clandestines.

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Quand c'est le bruit d'une tôle qu'on insulte, l'air se froisse d'une ombre sous les gouttières.
Il faut plus que le feu au bout d'un clope pour effacer du silence, le cortège.

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Belle obscurité, à écrire la mort pour saisir la vie.
Un poème du sombre donne la clarté d'un phare dans la nuit.

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Un soir d’octobre une ombre est passée sur le mur d’en face, il y avait la lune pour témoin.
Un soir, un silence a marqué la pierre de nouvelles notes, le dernier soupir de l’ancienne partition a mis la clef du sol au sol.

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Smog en doute, smog en cours, smog en tombe, la lune est de plomb et le regard d’un chat en suspens dans les branches de la nuit.

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Où est-ce qu’on rôde, entre hier et demain ? Où emmène l’après-midi ?
Soleil, vent et ciel s’en fichent et fichent et colégram, sourd le temps et les heures passent.
Il paraît que dehors existe et qu’il faut aller voir. Je ne sais pas.

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La douceur du silence au silence de l’heure, de la nuit éparpille les ombres, comme les pages d’un livre.

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La lenteur d’août éternise son vide de sens. Sens interdit, coi, le mois a des airs idiots.
Le plâtre en oublie de sécher, quand la fumée des voitures parfume le silence.

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Il me semble qu’il pleut.
Pourtant le ciel est sec.

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Juillet s’étire, il touche à sa fin dans la faim d’août qui arrive... Avec sa disette en bandoulière, août cherche un cimetière pour enterrer sa peine.

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Regarde ces gouttes de pluies qui s’égarent à faire briller les toits d’en face, les nuages cherchent à comprendre, ils n’y sont pour rien.

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Sur la table, un cahier reste ouvert, attendant la plume qui caresse... Sur cette page offerte, entre les lumières artificielles et le bois clair, se posent les mots d’une heure bleue de la nuit qui s’annonce.
Plus loin, au loin, c’est le chant du ciel en attente...

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Avant d’aller prendre le rêve par la nuit, je remonte les mots jusqu’à la nue et tourne à l’angle de la lune, là où les voies se croisent et les voix s’éteignent.

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De mai en rêves, de fleurs en mots, il n’y a qu’un vol de plume et quelques gouttes d’encre. Ici les dires peuvent s’écrire.

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© Marie Hurtrel